En toute ronde sommeille une fille mince...
La grand-mère de la ronde lui confiait récemment qu'apercevoir son propre reflet de vieille femme dans la glace était souvent très surprenant. Le décalage entre son esprit intact et cette enveloppe charnelle frippée n'en finissait pas de l'étonner.
La ronde éprouve souvent la même hésitation lorsqu'elle croise un miroir. Dan sa tête en effet, il faut l'avouer, la ronde est svelte. Elle sait son poids, elle connait ses formes et ses trop-pleins. Mais elle a cette capacité de se rêver tout autre, sans laquelle elle n'oserait probablement pas toujours sortir de chez elle.
Malheureusement, il lui faut régulièrement se heurter à la réalité et affronter son image. Le choc est alors violent. Ces cuisses larges sont-elles vraiment les siennes ? Sa poitrine est-elle si lourde ? Et ce ventre, mon dieu ce ventre... La fille mince emprisonnée dans le corps de la ronde s'insurge et se débat. Non, ce n'est pas moi, elle n'est pas moi...
Oui, les rondes sont comme les vieilles femmes, un esprit alerte dans un corps qui les a trahi.