Confession d'une ronde
A sa grande honte, la ronde n'est pas toujours solidaire de ses semblables.
Elle doit même avouer qu'elle se réjouit parfois secrètement de constater qu'il y a plus grosse qu'elle. Non qu'elle soit particulièrement méchante ou dépourvue de compassion. Mais voilà, la ronde ne souhaite pas du tout appartenir à une éventuelle communauté de grosses. D'abord parce qu'elle déteste l'idée d'être cataloguée, et puis - et c'est moins avouable - parce qu'elle ne souhaite qu'une chose, même si elle s'en défend, devenir une autre et quitter le clan des girondes en tous genre.
Oui, c'est comme ça, contrairement aux idées reçues, la ronde n'est pas plus gentille qu'une autre. Son coeur est d'ailleurs probablement le seul organe qu'elle possède qui ne soit pas plus gros que la moyenne.
Quitte à choquer et à décevoir, la ronde est donc obligée de confesser qu'elle n'éprouve aucune sympathie spontanée et particulière pour ses congénères. Comment aimer chez les autres ce qu'elle déteste en elle ? Comment prétendre que les rondeurs sont harmonieuses alors qu'elle est parfois tentée d'arracher à mains nues son ventre ?
Et puisque l'heure est à avouer ses pechés, il lui arrive même de rire d'une plus grosse qu'elle, en espérant secrètement que pendant ce temps, on oubliera de compter les kilos qu'elle a en trop...