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Pensées d'une ronde
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28 mars 2006

Sally (4)

"Je dois dormir, se dit Sally. Ou alors, peut-être que je dois arrêter de me toucher comme ça, c'est peut-être vrai que ce qu'on dit, ce n'est pas normal. J'ai dû y aller un peu fort et maintenant, je ne sais plus où j'en suis."

Elle ferme les yeux puis les ouvre à nouveau, espérant que dans le laps de temps sa bonne vieille chambre sera à nouveau là. Mais non, la tapisserie orange et vert tout droit sortie d'une série américaine des années 70 n'est pas la sienne. Et ce ventilateur qui tourne bruyamment... On dirait un modèle d'il y a vingt ans. Pourtant, il est flambant neuf. Elle s'apprête à se lever pour regarder par la fenêtre, quand la porte s'ouvre. Une jeune femme entre, l'air un peu inquiet.

"Vous vous sentez mieux ? On peut dire que vous m'avez fait une de ces frayeurs ! Je n'avais jamais vu quelqu'un tomber dans les pommes comme ça. Vous êtes encore drôlement pale. Tenez, je vous ai apporté un verre d'eau".

"Que... qu'est-ce que.." De mieux en mieux. Que fait cette femme chez elle ? Ou plutôt, que fait Sally chez cette femme ? Si c'est un rêve, et C'EST un rêve, il ne peut en être autrement, il est tout de même très réèl... La jeune fille prend malgré tout le verre que son hôtesse lui tend. Pas de doute, l'eau fraiche n'est pas imaginaire. Et lui fait un bien fou. Il faut dire que l'air est moite, et que malgré le ventilateur, cette pièce est une véritable étuve.

"Vous ne savez plus trop où vous êtes, n'est-ce pas ?", continue la jeune femme. "Vous avez sonné il y a quelques instants, vous vouliez me vendre une encyclopédie, enfin je pense, vous m'avez tendu votre prospectus et puis vous êtes devenue toute blanche. J'ai tout juste réussi à vous retenir alors que vous tombiez et je vous ai trainée tant bien que mal sur mon lit. C'est sûrement une réaction à la chaleur. On bat des records cette année. Je ne pense pas que ce soit très grave, le temps d'aller à la cuisine vous chercher un peu d'eau et vous vous êtes réveillée".

Sally ne répond rien, de plus en plus sceptique sur son état mental. Elle se promet intérieurement de ne plus jamais se livrer à ses jeux coupables. En même temps, une telle douceur se dégage de la propriétaire des lieux qu'elle n'arrive pas vraiment à avoir peur.

"Et bien dites-donc, vous n'êtes pas bavarde, hein ? Reposez-vous encore un peu si vous voulez. Prenez votre temps. De toutes façons, ce n'est pas humain de travailler par cette température. Les encyclopédies attendront ! Moi même, je devais aller à la bibliothèque faire des recherches, mais je n'ai pas eu le courage. Alors vous voyez, pas de panique. Je vous laisse reprendre vos esprits"

La jeune femme s'apprête à ressortir, puis semble hésiter. Elle se retourne et lui demande dans un sourire: "C'est drôle, vous êtes sur mon lit et je ne connais même pas votre nom !"

"Je... je m'appelle Sally"

"Enchantée, Sally. Quel joli nom... Moi c'est Anna".

A suivre...

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Commentaires
C
Coumarine... Ton avis m'est cher, tu as été ma première "visiteuse", et puis bon, tu manies les mots comme personne, alors... Si tu attends la suite, c'est bon signe !<br /> <br /> Ségolène, nos histoires racontées parallèlement n'ont à la fois rien à voir tout en se faisant très étrangement écho. Les hasards de la toile, sans doute. J'aime l'analyse que tu fais de cette histoire, c'est en tous cas ce que je souhaitais exprimer, je crois.
S
Tenter de s'aimer à en perdre la tête, s'autoriser l'amour de son propre corps, oui Caroline, tu nous la racontes pudiquement et avec le trouble et la culpabilité que cela engendre cette autoappropriation.<br /> C'est plein de mérite !
C
Hello Caroline...mais quelle surprise! <br /> (mais non en fait, je SAVAIS que tu étais capable d'écrire, et de faire monter un suspense...<br /> Je dis comme les autres...la suite, la suite..
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