Les amoureux du jardin public
Hier soir, dans le square en bas de chez moi, il y avait un homme et une femme, qui parlaient. De mon balcon, je les voyais et entendait leur joyeux ramage.
Lorsque le gardien municipal est venu leur signifier que les portes allaient fermer, ils lui ont demandé s'ils ne pouvaient pas rester un peu plus, ils escaladeraient le petit muret pour repartir. Le gardien, qui est peut-être aussi celui des amoureux, a oublié son règlement, il s'est éloigné et a lancé, complice, qu'il n'avait "rien vu, rien entendu".
Peu après, il s'est mis à pleuvoir. Les tourtereaux se sont réfugiés sous la passerelle du jardin, en riant comme des enfants. Assis à même la terre, à l'abri de la pluie, ils ont continué à parler, parler, parler.
Je me suis endormie la fenêtre ouverte, avec en bruit de fond, la douce mélodie de cette parade amoureuse. Qu'ils sont doux ces premiers soirs, où l'on boit les mots de l'autre. Qu'elles sont belles ces heures incandescantes, que ni les orages, ni les odeurs de pipi sous le pont d'un parc urbain ne pourraient altérer...