Les redifs de l'été
C'est l'été, et même ici, vous n'échapperez pas aux fameuses redifs... Rassurez-vous, je ne vais pas vous infliger un vieux De Funès - quoi que personnellement, la Folie des grandeurs me fait encore beaucoup rifougner - ni l'épisode 5 de Sissi - ça c'est pour Noël, enfin ! Je ne vous proposerai pas non plus une de ces sagas haletantes dans laquelle l'héroïne a des seins énormes aux tétons toujours en berne qu'elle ne peut s'empêcher de caresser l'air de rien tout en tirant très sérieusement les tarots afin de découvrir le meutrier de son frère qui fut aussi son amant car à l'époque elle ignorait leur lien de sang.
Non, rien de tout cela ne vous sera imposé. Juste un petit billet de ci de là lorsque l'inspiration me fera défaut, un post mis en ligne dans les premières heures de ce blog lorsque trois ou quatre âmes égarées échouaient sur ces pages et que les nouveaux fidèles - bon il n'yen a pas des milliers, je ne vais pas non plus me la raconter, mais disons qu'il y en a un peu plus que trois ou quatre et que tous ne sont pas arrivés ici en tapant "montre ton gros cul" sur Google - que les nouveaux fidèles disais-je, n'ont peut-être pas lus. Bref, je pensais être courte, je fus longue. Voici donc une de ces redifs, un billet qui vous fera peut-être oublier ce temps d'octobre qui sévit actuellement sur Paris...
La sortie de l'eau
La distance la plus longue à parcourir pour une ronde est, sur une plage, celle qui relie la mer à sa serviette de bain. L'aller - de la serviette à la mer - est pénible mais possible. Le maillot est ajusté, fruit d'un long travail de préparation. Les cheveux sont encore secs, ils flottent dans le vent marin. La ronde espère que les regards se focaliseront sur eux. Les filles enveloppées adorent leurs cheveux, seule partie du corps qui jamais ne grossit. Et puis l'attrait de la mer est le plus fort. Une fois dans l'eau, le miracle s'opère, le poids disparait, avec lui s'envolent pour un temps les complexes. Dans la mer, les seins oublient momentanément la loi de la pesanteur et pointent vers le ciel. Leur optimisme est contagieux, et la ronde se surprend à se trouver belle et voluptueuse. Certes, il ne faut pas négliger l'effet loupe de l'eau. Mais la mer est souvent trouble, grâce lui en soit rendue.
Mais très vite, toujours trop vite, l'heure arrive où il lui faut sortir. Et à force d'avoir attendu, forcément, les autres ont regagné leurs paréos et semblent attendre le grand moment, le supplice de la ronde. Dès l'instant où la moitié du corps n'est plus immergée, le poids reprend ses droits. Les seins perdent leur confiance en eux et regardent à nouveau les pieds. Si le maillot est un peu trop grand, alors lui aussi décide de se plier au principe de gravité. Il pendouille de partout, entraînant avec lui les bourrelets. S'il est trop petit, ça n'est pas mieux, une fois mouillé, l'effet galbant cède la place à l'effet boudinant. Ne pouvant plus reculer, la ronde entame sa longue traversée du désert jusqu'à la serviette. Ses main vont du ventre aux seins, essayant de cacher ce qui déborde. Les cheveux, ses indéfectibles alliés, sont collés à son cou et ne peuvent plus rien pour elle. La démarche est lourde et mal assurée, et même si l'envie de courir est forte, la ronde résiste. Courir signifie mettre en mouvement des parties de son corps qu'elle préfère voir immobiles. Une fois l'objectif atteint, il faut alors se saisir le plus élégammment possible de la serviette, ce qui en soi est un défi. Si elle plie les genoux, le ventre se plisse. Si elle se casse en deux, ce sont les fesses qui s'émancipent et le décolleté qui plonge. Quelque soit la méthode utilisée, l'instant est critique. Après maintes contorsions ridicules et empruntées, la ronde finit tout de même par disparaitre dans son drap de bain. La sensation de soulagement est difficile à décrire. Ce linge est un rempart contre tous ces regards qui brûlent chaque parcelle de peau nue. Elle jurerait d'ailleurs presque que les autres lui sont reconnaissants de leur épargner la vue de ce corps qu'elle pense immonde.
Une fois la panique dissipée, la ronde retrouve un peu de sa lucidité. Elle réalise alors la plupart du temps que personne, mais alors personne, ne l'observait. Et si le regard le plus cruel était le sien ?