Toc de la balance

La ronde traverse à nouveau une zone de turbulences pondérales. Du coup, forcément, sa petite manie, sa névrose à elle reprend du service. L'occasion pour moi de republier ce billet...

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La ronde sacrifie tous les jours au rituel de la pesée. Chaque détail revêt alors une importance considérable. Après un pipi matinal censé la délester de quelques grammes, elle s'enferme ensuite dans la salle de bains. Il faut bien sûr qu'elle soit totalement nue, on n'a pas idée de ce que peut peser une chemise de nuit ou une paire de chaussettes. Elle vérifie ensuite que l'aiguille est bien en place. Les jours où elle sent que le résultat de l'exercice ne sera pas très concluant, elle triche un peu et déplace le curseur de quelques millimètres, juste avant le zéro - ce qui explique en général le décalage avec la balance du nutritionniste agressif.

Il est également exclu de monter bêtement sur la balance, d'un coup, et de regarder le poids qu'elle indique. La ronde se fait la plus légère possible et pose ses pieds l'un après l'autre en prenant appui sur le lavabo. Petit à petit, elle cesse de retenir son corps, de façon à ce que l'aiguille progresse le plus lentement possible, et, qui sait, s'arrête avant le chiffre fatidique maximum. Chiffre que bien sûr, elle n'avouerait que sous la torture, et encore. Pendant cet instant pénible et douloureux, la ronde n'admet aucune intrusion dans son antre. Parler lui est même impossible, elle a l'impression que cela pourrait la faire peser plus lourd. L'homme, qu'elle soupçonne de le faire exprès, choisit bien sûr ce moment, soit pour entrer sans prévenir et interrompre le rituel, soit entammer une conversation de la plus haute importance derrière la porte, lorsqu'elle a pris soin de fermer le loquet. Dans ce cas, il lui faut tout recommencer, chaque étape n'ayant pas été religieusement respectée. La ronde est lucide, elle souffre du TOC de la balance.

Si le cérémonial est aussi fondamental, c'est parce que l'issue influencera toute la journée.

Quelques grammes de perdus et le ciel de la ronde s'éclaircit. L'humeur est au beau fixe, les habits choisis sont comme par magie plus seyants. Tout lui sourit, tout sera plus facile pour elle ce jour là, puisque oui, à cet instant, la ronde s'aime un peu.

Quelques grammes de gagnés et tout s'effondre. Le pantalon la serre et l'homme ne l'aime plus, elle le sent. Le dossier qu'elle a rendu la veille à son boss est sûrement bon à jeter et d'ailleurs, elle ne serait pas étonnée d'être bientôt sur la sellette. Si elle s'écoutait elle retournerait se coucher. En tous cas, ce qui est sûr et certain, c'est qu'aujourd'hui, elle ne mangera rien.

Comments

[caroline]

Alexa, que vous dire... Il faut tenter de ne pas céder à cette torture. Mais c'est tellement facile à dire... Je n'ai pas de recettes. Je crois qu'il faut essayer, jour après jour de se faire moins de mal. Et quand le moral plonge vraiment, ne pas hésiter à se faire aider, avant que la situation ne s'aggrave... Courage !

[alexa]

En lisant vos messages, je ne me sens plus seule. Moi aussi, je vis cet instant matinal où je me pèse et c'est vrai que ces quelques secondes agissent sur le mental de la journée et c'est affreux quand c'est en plus.
Les médecins recommandent de se peser 1 fois par semaine mais moi c'est tous les jours et c'est souvent difficile. Depuis quelques semaines, j'essaie de perdre du poids mais là ca ne bouge plus, meme ca augmente. Alors j'analyse ce que je mange et je me dis "oh tu n'aurais pas du manger ce fromage et puis là tu n'aurais pas du manger ce fruit........." et tous les jours c'est ainsi. Pas un moment de répit car quand je mange, je me culpabilise et je n'apprécie rien et alors après c'est le moral qui baisse (plus bas que terre) et j'en ai marre de cet état, je n'arrive pas à passer à autre chose.

[caroline]

Mitsu: :))))))

[Mitsu]

que là mon coeur... balance.
Je dirais : supporter belle-soeur.

des bises.

[Caroline]

Julie, oui, une nouvelle preuve s'il en était besoin, que de "savoir" ne signifie pas toujours "pouvoir" changer les choses... Tu m'as bien fait rire avec ton toc du sèche cheveux...

Hélène, oui, tu as raison, ce devrait être moins difficile de me priver de balance que d'une bonne tranche de saucisson - j'ai cru comprendre que tu aimais ça ;-) ! En réalité, je n'aime pas trop me peser. C'est juste que si je laisse ma balance pourrir sous un meuble, j'ai en général tendance à prendre du poids, l'air de rien... La balance est mon garde fou, en somme...

Myrtille, on se comprend, alors...

Pomme, merci, ça me va droit au coeur, d'autant que je prends moi aussi un vrai plaisir à te lire...

Lindhia, je crois que lorsqu'on a été ronde, on le reste dans sa tête pour toujours. Moi aussi j'expire à fond, alors que je SAIS que l'air ne "pèse" rien !!!

Garance, pas mal le coup des magasines pour maigrir qui "planquent" la balance ! Au moins, là, ils servent à quelque chose !

Mitsu: qu'est-ce qui sera le plus dûr: pas de balance ou supporter une belle-mère pendant deux semaines ? ;-)