"Au feu, les pompiers..."
Au chapître des petits bonheurs urbains, il en est un auquel je tiens tout particulièrement...
Parce que la vie est - parfois - bien faite, cela m'arrive souvent le lundi...
C'est le matin, je suis assise dans mon bus et je somnole tout en regardant par la fenêtre, mes écouteurs sur les oreilles. Souvent, c'est Marc - oui, bien sûr, Marc Lavoine. De quel autre pourrait-il s'agir, hein ? Un jour, promis, je vous parlerai de Marc, parce que je n'ai même pas honte de l'aimer - souvent, disais-je donc, c'est Marc qui me murmure des paroles sucrées. "Toi mon amour, est-ce que tu m'aimes toujours, mon amour..." Ben oui, moi il me faut ça pour me réconcilier avec la vie, le lundi.
Soudain, peu avant le croisement de la rue Monge et de la rue Cardinal Lemoine, je les aperçois. Ils arrivent en rang serré, le pas altier et l'allure vive. "Ils", ce sont les pompiers de la caserne d'à côté, qui toutes les semaines à 8h55 exactement, descendent sur les quais de Seine pour leur jogging matinal. Ils sont une dizaine, le short aussi court que leurs cheveux, le tee-shirt moulé sur leur torse puissant. A chacune de leurs foulées, les muscles de leurs cuisses se tendent et leurs fesses galbées tressautent. L'instant est fugace, le temps de les croiser et ils disparaissent déjà au coin de Jussieu. Parfois un feu opportunément rouge m'offre quelques secondes de plaisir supplémentaire.
Je sais, je ne vaux pas mieux qu'un gros dégoûtant, voire un routier pervers, qui fantasmerait sur un groupe d'infirmières court vêtues. Mais il faut le voir pour le croire, ces soldats du feu diffusent de telles quantités de testostérone que celles-ci traversent les vitres pourtant épaisses de l'autobus. Et puis moi je dis, c'est tout de même moins honteux que de baver devant des chippendales. Ces hommes, tout de même, sauvent des vies, dois-je vous le rappeler ? Ce n'est pas DU TOUT comme si je tremblais de désir devant des militaires en treillis ou une troupe de CRS énervés. Non, mon admiration n'est qu'une juste reconnaissance des services que rendent quotidiennement ces hommes à leurs semblables.
Oh, ça va, bien sûr que c'est surtout leur cul que je regarde.
Non mais sérieusement, je ne sais ce qui me met à ce point en émoi. Est-ce le prestige de l'uniforme - pourtant réduit ici à une simple inscription fluo au dos du tee-shirt noir, "Pompiers de Paris" -, un effet post-11 septembre, ou alors le fameux pic hormonal des 35 ans ? Je l'ignore. Mais le fait est qu'en les regardant, il me semble que le ciel s'éclaircit, que le lundi me sourit et que s'ils courent, c'est peut-être un peu pour moi.
D'ailleurs parfois, je le confesse, je me surprends à susurrer, tout doucement: "au feu, au feu, messieurs les pompiers..."
Allez, avouez, vous aussi vous en avez, des fantasmes de vieux routier, non ?
Au fait, le dessin est d'Eva l'Architecte (merci merci merci Eva, c'est super adorable) et je le trouve drôlement mieux que le pauv pompier chippendale que j'avais mis en premier. Pour celles qui ne l'auraient pas vu, tant pis, sachez juste qu'il était nu... ;-)