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Pensées d'une ronde
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4 mars 2006

La corde à noeuds

Les cours de sport étaient à la ronde ce que les contrôles de maths sont aux nuls en algèbre ou les dictées aux dislexiques: un enfer. Et le mot n'est pas assez fort.

Le calvaire commençait dès les vestiaires où il fallait enfiler l'atroce survêtement. La ronde se changeait dans un coin, le plus vite possible, tremblant à l'idée que les garçons, craints et haïs de la 6ème à la terminale, fassent leur apparition. Ces derniers, atroces avortons boutonneux, cherchaient en effet par tous les moyens à reluquer les filles en culottes et s'introduisaient régulièrement et illicitement dans leur coin réservé. Ils ne se privaient alors pas au passage de s'acharner sur la ronde qui n'en demandait évidemment pas tant. Elle sortait du vestiaire sous les quolibets, rasant les murs et ravalant ses sanglots, rouge de honte et de colère.

Les cours d'athlétisme étaient ceux qu'elle appréhendait le plus. Elle y vivait une succession d'humiliations. Au sprint, elle ne sut jamais démarrer sur les starting-blocks. Au coup de sifflet, ses fesses se levaient, mais ses jambes refusaient de suivre l'impulsion, résultat, la ronde mangeait littéralement la poussière une fois sur deux. En ce qui concerne le saut en hauteur, elle cherche encore à déterminer lequel du droit ou du gauche était son pied d'appel. Est-ce pour cela ou parce que son corps était trop dûr à soulever, mais pas une seule fois elle ne franchit la barre, même lorsque celle-ci était au niveau du matelas.

Un jour, au lancer de poids, le prof de gym suggéra aux autres élèves, avec cet humour qui le caractérisait, de la lancer elle.

Passons sur les heures passées accrochée en bas d'une corde impossible à monter. Le prof avait ce jour là décidé qu'on y passerait le cours s'il fallait, mais qu'elle grimperait. Dans l'hilarité générale, ses mains glissèrent des dizaines de fois jusqu'à en être brûlées sans jamais arriver à la hisser. Elle aurait voulu étrangler son bourreau avec la corde à noeuds.

Les sports collectifs ne lui réussissaient pas plus. Elle fit perdre tous les relais auxquels elle participa et fût invariablement la dernière à être choisie dans les équipes de volley, handball ou basket.

Réalisant très vite qu'elle ne s'améliorerait jamais et que le professeur de gym ne ferait rien pour la faire progresser, bien au contraire, la ronde étudia alors les divers moyens de sécher les cours. C'est à cette époque qu'elle eut ses premières règles. Si ses amies en étaient incommodées, elle bénit pour sa part le ciel de l'avoir faite femme. Invoquant des cycles anarchiques, elle multiplia les dispenses, marquées de ce mot adoré: "INDISPOSEE"...

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Commentaires
C
Oui, oublier ses affaires ! tu as raison, c'était également un bon moyen d'échapper à ce calvaire ! Et comme toi, le zéro pointé ne me faisait pas peur du tout ! En tous cas bravo pour le grand écart et surtout pour ton caractère bien trempé, j'aime ça ! Et merci de ta visite, de ton commentaire et de ton compliment.
B
Ah... Ce bon vieux cours d'athletisme... Moi j'avais trouvé la parade au début, j'oubliais systematiquement mes affaires 2x sur 3... Jusqu'au jour ou la prof, qui avait quand meme compris mon manege, m'a menacé de me mettre des heures de colle et un zéro pointé si je ne m'y collais pas... Lui ai gentiment répondu que de toute façon meme en m'y collant je recoltais quand même un beau zéro, et qu'a choisir je preferais donc rester assise 2h plutot que d'en suer une...! Mdr! A compter de ce jour là, c'est moi qui ai tenu le chrono...<br /> <br /> Ptite précision quand même, j'étais la meilleure en natation, en souplesse (seule capable de faire 1grand écart...!), et pas mauvaise du tout en sport d'équipe...<br /> <br /> Chapeau pr ton blog en tout cas, j'adore!
M
Une fois au college(Ya ltps dieu merci :D),pendant un cours d'athlétisme,ou l'on faisait endurance,j'ai demandé à mon prof de sport de pouvoir aller aux vestiaires 5minutes (j'ai été surprise par mes ragnagnas ><)..Quand je suis revenue il m'a pris par le cou et m'a dit : "Bon on va te faire un programme special poid-lourd" Oô...<br /> J'ai tjs suivi ces cours,meme si jen ai souvent "chié" javais trop de fierté pour ne pas aller au bout..Alors la j'avoue,j'ai eu du mal a comprendre.. <br /> Vieux con! ( dsl -_____________-)
C
Je suis contente du tour que prend ce blog... J'aime l'idée que ces petits messages servent de prétexte à ce genre de discussions. Je te rejoins tout à fait Angé, pourquoi sommes nous si dûr(es) avec nous même ? D'où vient ce besoin de se faire ainsi du mal et d'être aussi intransigeant(es) envers nous même ? Il serait temps de se réconcilier avec nos images, quelles qu'elles soient.<br /> <br /> Dragibus: difficile de t'imaginer associable et renfermée, tant tes commentaires sont pleins d'humour et de sagacité !
A
La question qui se pose à moi en lisant tes textes, Caroline, et en lisant vos commentaires à tous, c'est: "D'où vient cette pression qu'on se met par rapport à notre physique ou notre 'aimabilité' et pourquoi on se sent toujours inadéquat peu importe nos particularités physiques ou intellectuelles...?"<br /> Ce qui m'interroge aussi pour ma part, c'est que ma tolérence aux différences - qui me paraît totalement naturelle quand il s'agit des autres - je ne parviens pas à l'appliquer à moi-même (ce qui semble être votre cas à tous aussi).<br /> Je m'explique:<br /> Je peux tout à fait admirer et même tomber amoureuse d'un gars comme Michael Moore ou Gainsbourg ou Danny de Vito (qui sont loiiiin d'être des top models, on est d'accord ;-) )au même titre qu'un Sting ou qu'un Seal, car ce qui me touche chez une personne et un homme, c'est la personnalité profonde, l'intelligence, la sensualité etc...<br /> Par contre, je me déteste dès que je prends 500 grammes, ou que j'ai dit ou fait un truc ridicule, ou encore que je n'arrive pas à tenir ma maison ou faire des repas construits à mes enfants tous les jours...(euh, il y a des jours où la "Petite Maison dans la Prairie" me SORT par les yeux!!!!!! ;-))<br /> D'où nous vient ce manque de confiance et d'amour envers nous-mêmes qui nous grêve au quotidien comme ça ? <br /> Ma foi, la question est lancée!<br /> :-)<br /> Merci Caroline de nous permettre de nous exprimer ici sans jugement et avec ta douceur.<br /> Je vous souhaite à tous plein de soleil et de printemps!
Pensées d'une ronde
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