Prête moi ta main
Je vous invitais à y aller mercredi et je me suis obéie. Je n'ai pas regretté.
Bien sûr, c'est une comédie sentimentale avec, donc, ce qu'il faut de bons sentiments un peu trop dégoulinants. Bien sûr, une fois de plus, les héros n'ont pas des métiers aussi cons que secrétaire, assistante de communication, ingénieur télécom ou comptable. Je vous arrête tout de suite, je ne trouve pas une seconde que ces métiers soient cons, c'est juste pour dire que dans les comédies romantiques, qu'elles soient françaises ou américaines, l'héroïne est au choix écrivaine, restauratrice de meubles anciens, interprête à l'ONU ou restauratrice de meubles anciens. Dans le cas présent, elle est... restauratrice de meubles anciens.
Le héros, lui, est au choix, restaurateur de meubles anciens, voire antiquaire, golden boy à Wall street - mais néanmoins restaurateur de meubles anciens à ses heures - rédacteur en chef d'un journal qui se vend super bien - ah la bonne blague - ou bien, plus original, nez pour un grand parfumeur. Dans le cas présent, il est... nez pour un grand parfumeur.
Et forcément, comme chacun le sait, ces métiers permettent de vivre dans des appartements dignes de la fameuse maison de l'île Saint-Louis qu'apparemment on est nombreuses sur le coup...
Bon, tout ça pour dire que "Prête moi ta main" ce n'est pas un film réaliste sur la vie de vrais gens qui en chient. En même temps quand ça me prend de vouloir voir un film sur la vraie vie des gens qui en chient je me fais un Dardenne, un Loach ou... un Dardenne. Et j'aime beaucoup aussi.
Sauf que mercredi, j'avais envie d'un film champagne, d'une heure légère et court-vêtue. J'avais aussi envie d'oublier que la plupart du temps je suis une vraie gens qui en chie, enfin, un peu. Et l'heure est passée très vite.
Charlotte Gainsbourg - un jour je ferai un billet sur Charlotte, ma soeur, ma compagne, mon effrontée, ma petite voleuse - est lumineuse et excelle dans un registre un peu insolent et burlesque. Chabat - un jour je ferai un billet sur Alain, mon nul, mon Jules, mon Georges français - est comme à son habitude fin, drolatique, fantasque et, un peu plus encore qu'à son habitude, fondant voire torride.
L'histoire tient en deux lignes: ils se rencontrent, ils se détestent, ils finissent par s'aimer mais bien sûr c'est très compliqué. Le petit plus, c'est Bernadette Lafont - un jour je ferai... enfin vous m'avez comprise - qui campe une incroyable mère même pas juive - mais quand même - et les six soeurs qui n'en peuvent plus de materner leur frère unique qui vient de fêter ses 43 ans. La réplique culte c'est celle à table de la soeur ainée à "Pipou", alias Chabat, qui lui demande innocemment où est son linge propre: "J'ai envie de dire... dans ton cul", lui répond-elle...
Voilà, je suis ressortie l'oeil humide et le sourire aux lèvres. Et depuis, même si je n'ai JAMAIS su monter convenablement la plus Billy des étagères Ikea, j'ai décidé de me reconvertir en restauratrice de meubles anciens. Rien que pour le bandeau dans les cheveux façon Vermeer qu'arbore Charlotte dans cette ravissante bluette... Parce que j'avais oublié, Charlotte y est dix fois mieux habillée qu'Anne Hattaway dans Le fameux Diable que je n'ai personnellement pas du tout aimé.