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Pensées d'une ronde
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23 juillet 2006

Une journée particulière

- 6h30: l'homme me réveille. Je sais depuis hier qu'on part, mais pas où. Il faut que je boucle ma valise mais sans connaitre la destination, ça relève de l'exploit. Pour une nuit je prends un jean (si c'est un séjour décontracté), un pantalon d'été pour marcher, une tunique pas trop décolletée (au cas où on parte dans un pays du maghreb, on SAIT jamais), deux robes (dans le cas d'un "coquetel") trois maillots de bain (dont aucun ne me va vraiment) deux paires de chaussures et trois culottes (pas d'explication rationnelle), mais on SAIT jamais.

- 7h00: j'envoie un message de détresse sur le net, on SAIT jamais. L'homme a un air bizarre depuis ce matin.

- 7h15: Je remonte en courant dans ma chambre prendre un pull, on SAIT jamais. L'homme s'impatiente.

- 7h45: Sur l'autoroute, l'homme m'annonce qu'on va prendre l'avion

- 7h46: Je commence immédiatement mes exercices de respiration abdominale que je dois normalement effectuer au moins 12h avant le décollage.

- 7h48: J'ai peut-être un peu trop mis le paquet sur la respiration, je crois que je suis en hyperventilation.

- 8h10: On s'apprête à checker, je ne trouve plus mon passeport.

- 8h12: Je suis toute rouge à force de fouiller dans mon sac, à moins que ce soit l'hyperventilation. L'homme croit que je le fais exprès pour ne pas prendre l'avion. Il n'a plus vraiment l'air de vouloir m'emmener où que ce soit.

- 8h15: Il y a un dieu pour les rondes blondes et bordéliques, je retrouve mon salopard de passeport qui se planquait dans la poche intérieure de mon sac... là où il est toujours.

- 8h20: Je brandis mon passeport comme s'il s'agissait de la queue de mickey du manège. Là, je vois que sur le moniteur au-dessus de moi, c'est écrit "VENISE".

- 8h30: Je n'ai plus de palpitations, je regarde l'homme et je me dis que je ne le mérite pas.

- 9h15: On monte dans l'avion, les accoudoirs sont renforcés avec du papier d'alluminium. Je respire comme une folle avec le ventre.

- 9h30: L'avion a décollé, contre toute attente. Je prie pour qu'il n'y ait pas du papier d'allu dans les réacteurs.

- 11h00: On survole Venise avant d'atterrir. Même en pensée je n'ai pas les mots.

- 11h30: Il fait 53° dans le bâteau bus qui nous emmène à Venise. On s'en fiche.

- 11h45: Il parait que l'eau de la Lagune est polluée. Je ne vois que les diamants qui scintillent à la surface.

- 12h00: Les Italiens sont des crâneurs, il font les malins au volant de leurs bâteaux cigares.

- 13h00: Après 32 arrêts où on a cru à chaque fois qu'on était arrivés, le campanile de la place saint Marc se dresse dans un ciel brûlant. Je crois que l'homme pleure un peu. J'ai le coeur qui bat.

- 13h15: "Tu es belle". "Ah bon, tu trouves ? Pourtant j'ai gro..." Je ravale mes mots, une petite voix me dit que non, pas aujourd'hui.

- 14h00: Je croise mon reflet dans une glace, ma tunique est transparente, heureusement qu'on est pas dans un pays du Maghreb. On ne voit que mes seins. Je me prends pour Monica.

- 14h02: Je suis Monica.

- 14h06: Pont des soupirs. Je suis italienne.

- 14h08: Si je suis italienne... j'ai gagné la Coupe du monde !!!

- 14h15: On dit que Venise sent mauvais l'été. Je ne sais pas, le cou de l'homme sent l'Eau d'Issey et je m'en saoule. C'est mon Marcello.

- 15h00: L'homme me dit qu'il ne s'appelle pas Marcello. "D'accord, mon Marcello".

- 15h15: Je croise mon reflet à nouveau, en fait je ne suis pas Monica du tout. On ne voit pas que mes seins. C'est décidé, je ne mange rien ce week-end.

- 15h17: Je me jette sur une foccacia à la tomate-mozarrella.

- 15h18: "Bonjiourno, una gelati per favor, con doué boule. Una fragola e una straciatella, per favor".

- 16h00: L'homme me prend la main et m'emmène sur la place San Marco.

- 16h05: On débouche sur la place par une petite rue. Tout est blanc de soleil, on se serre très fort.

- 16h06: Je dis: "Il y a un de ces monde". Il répond: "Non, regarde, on est tous seuls". Je regarde et c'est vrai.

- 16h07: L'homme prend une grande respiration. La main sur son bras je sens les vibrations d'un grand frisson. Une petite voix me dit qu'on n'est pas venus là pour regarder les pigeons.

- 16h08: On est au centre de la place, j'entends des violons.

- 16h09: Il les entend aussi. Pas sûre que ça prouve qu'il y en ait vraiment.

- 16h12, 23 ou 45, je ne sais plus: Je lui dis oui oui oui...

photo_italie_photo_venise_place_san_marco_11

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Commentaires
L
C'est beau.<br /> <br /> Congratulations (un peu en retard, certes :) )
C
Le problème c'est qu'il est en train de prendre conscience de sa grande valeur et que du coup il a une légère tendance dernièrement à se la péter grave... ;-)<br /> <br /> Mais c'est une idée, il pourrait organiser des cours collectifs de romantisme, sûr que y'aurait de l'oseille à se faire !!! ;-)<br /> <br /> Merci de ton passage !
A
Dis donc, ça c'est du mec ! Est-ce qu'il assure des formations collectives ? Si oui, j'inscris le mien tout le suite ;-)
C
Quelle surprise... Douce surprise bien sûr ! Et qui tombe bien comme ça je peux te dire de réserver ton dernier we du mois de juin 2007 pour venir fêter ça avec nous. On aimerait vraiment que tu sois là, vraiment.
Z
Indique par K & M voila une heure que je navigue dans ta prose touchante et singuliere ! Quant au debat sur la rondeur, nous l'avons aborde avec les memes K & M hier a Central Park par une chaude et belle fin d'apres-midi... La rondeur est relative. Un travail d'ecriture seduisant qui a ses abonnees. Bravo !<br /> Quant a la demande en mariage, c'est tellement beau... <br /> Peace<br /> Bises<br /> z
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